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L'Ordre Cistercien

 

Pour « ne rien préférer à l’amour du Christ », les fondateurs de Cîteaux renoncèrent à leur famille, aux commodités de la vie aux lieux habités pour se retirer dans la solitude et ne vivre que pour Dieu seul. Si la simplicité, la pauvreté, le silence sont les éléments extérieurs visibles de la recherche de Dieu à la suite du Christ ils sont surtout la manifestation d’une exigence intérieure : revenir à la pureté de la vie évangélique en retrouvant la pureté de l’obéissance à la Règle de Saint Benoît. À leur suite nous poursuivons cette vie tournée vers Dieu autour des fondements essentiels qui la caractérisent : Office Divin et Lectio Divina, vie fraternelle et travail manuel dans la simplicité sous le regard bienveillant de la Vierge Marie.

Notre charisme fondateur

Ce qui caractérise sans aucun doute, la spiritualité des fondateurs de Cîteaux, est la simplicité de vie et l’élan évangélique avec lesquels ils mirent en pratique leur idéal dans l’enthousiasme de servir Dieu de tout leur coeur, de toute leur âme et de toutes leurs forces.

Pour « ne rien préférer à l’amour du Christ »(RB 4,21), nos premiers Pères jugèrent  nécessaire de quitter radicalement tout ce qu’ils aimaient, leur famille, les lieux habités, les commodités de la vie, pour se retirer dans la solitude et vivre là pour Dieu seul. Cîteaux fut donc construit dans un désert, et la pauvreté et la simplicité des bâtiments frappaient les visiteurs. C’était la manifestation d’une exigence intérieure : revenir à la simplicité et à la pureté de la Règle. Saint Benoît nous donne les indications pratiques pour y parvenir.

Nos Pères utilisèrent donc le moyen de la solitude pour atteindre leur idéal, mais aussi menèrent à Cîteaux une vie très évangélique de pauvreté. A l’orée du XIIème siècle, la société ne connaissait pas encore de classe moyenne et la bourgeoisie n’existait pas. Il y avait d’un côté le monde des chevaliers et des clercs, et de l’autre celui des paysans, c’est-à-dire des pauvres. Les moines de Cîteaux voulurent, ce qui était une innovation extraordinaire à leur époque, que tous les membres de la Communauté, clercs, chevaliers et paysans, s’adonnent aux travaux des pauvres, afin de vivre cet idéal évangélique. C’est ainsi qu’ils défrichèrent et mirent en valeur les lieux arides et sauvages où ils s’implantaient. Cette façon de vivre la pauvreté devint une source de progrès social et de richesse pour les hommes du XIIème siècle.

Le Nouveau Testament nous apprend que les premiers chrétiens expérimentaient une formule de vie communautaire qui était pour eux source  de grâces spirituelles, de force contre l’adversité et de paix intérieure. Nos Pères de Cîteaux voulurent, à leur exemple donner un témoignage ardent et vécu d’amour fraternel et y réussirent en vivant, dans la pratique de la journée monastique, le précepte des Actes des Apôtres rappelé par St Benoît, « que tout soit commun à tous » (Act. 4,32 – RB 33,6). Ceci, sous le sage gouvernement d’un Abbé, proche des frères, et d’anciens l’aidant dans sa tâche auprès des plus jeunes dans la vie monastique.

L’obéissance, selon la Règle de St Benoît, est le propre de ceux qui, « n’ayant rien de plus cher que le Christ » (RB 4,21), n’hésitent pas à se laisser conduire sur les chemins de l’Evangile.  Cette obéissance monastique est pratiquée dans l’enthousiasme d’un coeur sans partage pour Jésus-Christ. « Dès que son oreille a entendu, il m’a obéi » (Ps.17,45 – RB 5,5 ), dit le Seigneur. Voilà pourquoi ces moines empruntent « la voie étroite »(RB 5,11) dont Il parle : « étroite est la voie qui conduit à la vie »(Mt. 7,14 RB 5,11), L’imitant par l’exemple lorsqu’Il dit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn. 6,38 RB 5,13).

St Benoît enseigne dans sa Règle que « rien ne doit être préféré à l’oeuvre de Dieu »(RB 43,3), c’est-à-dire à la célébration solennelle de la prière liturgique chantée à l’église par tous les frères durant la nuit et aux différentes heures de la journée. Nos fondateurs apportèrent là le même enthousiasme spirituel en s’appliquant à donner à ces longs Offices un chant grégorien rénové selon l’esprit de simplicité caractéristique de Cîteaux.

Au cours de l’histoire multiséculaire de notre Ordre, les monastères, pour être  « l’honneur de l’Église  et une source de grâces célestes »(Perfectae caritatis 7) pour le monde, ont adopté des formes d’activité très variées: éducation, ministère pastoral, recherche théologique et scientifique, hospitalité… (cf Déclaration n°26-28) Cette Déclaration, fruit de l’ « aggiornamento » demandé par le Concile Vatican II,  représente notre carte d’identité propre, et une aide précieuse que Notre Sainte Mère l’Église nous donne pour éclairer notre chemin à la suite des premiers Pères de Cîteaux, dont la spiritualité peut bien être caractérisée par cette phrase du Nouveau Testament reprise par Saint Benoît : « qu’en toutes choses Dieu soit glorifié ! » (1Pe 4,11 – RB 57,9)