Il était une fois, il y a bien des millénaires, dans le nord de la Syrie, une petite graine sauvage aux couleurs du soleil et à la silhouette allongée et aplatie, cachée dans son enveloppe. Courte sur paille  et accrochée en épis de deux rangs barbus à la cime de cette paille, elle n’était pas exigeante et poussait volontiers çà et là, aussi bien dans de bons sols que dans ceux pauvres et pierreux. Elle plaisait tant aux hommes que, bien avant sa cousine l’orge, elle fut la première de sa famille à être cultivée pour nourrir nos ancêtres de Mésopotamie. On lui donna le nom d’Engrain. Elle poursuivit au cours des siècles son voyage jusqu’en Europe.

Quelques siècles plus tard, dans le secret de son abbaye allemande, Hildegarde de sainte mémoire décrivait ses vertus gustatives, organoleptiques et ses nombreux bienfaits pour notre santé. Elle disait de ce grain « à celui qui le mange, il donne une chaire de qualité, et fournit du sang de qualité. Il donne un esprit joyeux et met de l’allégresse dans l’esprit de l’homme ! » Décidément, Engrain a tout pour plaire !

D’engrain, cette jolie graine devint plus communément appelée Petit Epeautre. Il a fallu attendre 2023 pour qu’il arrive dans nos terres cisterciennes, même s’il était déjà bien présent sur les côteaux gersois avoisinants, d’où il nous chatouillait les papilles… Et cette année, nous avons donc la fierté de déguster ce délicieux petit épeautre que nous avons cultivé. Une fois décortiqué pour être séparé de son enveloppe, le grain passe entre les meules de pierre du moulin de notre voisin meunier, afin d’en obtenir une farine légère et délicate. Engrain est maintenant prêt à venir parfumer vos biscuits et pains, alors à vous de jouer !