ABBAYE CISTERCIENNE SAINTE MARIE DE BOULAUR
Le défi d'un nouvel espace d'accueil dans une antique abbaye
Il nous fallait bâtir du neuf pour cet espace d’accueil (que nous appelons « L’Écotone »). Oui, mais pas n’importe comment. Pour construire de nouveaux locaux bien intégrés, nous nous sommes inspirées de nos pères cisterciens, bâtisseurs innovants depuis le 12ème siècle.
Nos pères cisterciens se sont forgé une réputation de moines bâtisseurs qui réalisent leurs abbayes (plus de 800 à leur actif en Europe). Ils passent pour être des pionniers de la technologie, innovateurs et diffuseurs de bonnes idées plus qu’inventeurs, pour rendre gloire à Dieu d’une façon pratique et esthétique dans le surgissement de chaque nouveau monastère. Les lieux traduisent, en tout, l’élan de l’âme humaine vers Dieu, ils ordonnent, ils orientent et ils honorent Celui dont l’œuvre sert de modèle à toute construction.
Or le besoin de construire ne s’est pas arrêté avec le Moyen-Age. Le défi de nos nouvelles constructions, à Boulaur, nous invite à nous appuyer sur l’exemple de nos pères. Nous construisons du neuf, une « grange cistercienne du XXIème siècle », un espace d’accueil « écotone », au pied d’une abbatiale qui remonte au XIIème siècle. Comment créer du patrimoine sans rupture avec l’existant, comment des bâtiments qui n’étaient pas là hier peuvent-ils déjà nous inscrire dans la richesse et la solidité d’une longue histoire ?
L’utilisation de matériaux naturels
L’un des moyens que nous avons choisis est l’utilisation de matériaux et de techniques séculaires pour édifier les nouveaux espaces. Les murs en paille enduite, en briques de terre crue (terre, sable, chaux), en adobe (terre, sable, paille), visibles dans notre magasin sont témoins de méthodes constructives locales immémoriales.
Tandis qu’en circulant d’un bâtiment à l’autre, nous pourrions quasiment donner un cours sur l’histoire de l’art de la charpenterie. Dès l’entrée de notre magasin très haut sous plafond nous pouvons admirer une construction classique en fermes latines sur poteaux. Celle du petit préau, beaucoup plus basse, lui ressemble, dans une version de toit à 4 pans avec des arêtiers. Pour la charpente de la grande halle, Cédric, notre charpentier, a choisi des fermes à entrait retroussé, ce qui permet de gagner un peu de volume en hauteur. Un détail esthétique embellit le tout : les pointes de diamant qu’il a taillées en bas des poinçons invitent à lever les yeux pour se laisser emporter par la symphonie harmonieuse que semblent jouer les poutres qui s’entrecroisent.
Décidément, l’art de bâtir des lieux où l’homme se sent bien ne date pas d’hier ! Il n’est pas jusqu’aux rouge-queues qui ne profitent de ce nouvel espace d’accueil : le recoin formé par les moises leur a tout de suite semblé la meilleure protection pour leurs petits !
Publié en octobre 2023
