Depuis toute petite, Claire aime l’Eglise, et a pour elle un très profond respect : viscéralement attachée au magistère, elle lui voue une totale obéissance. C’est pour cette raison qu’elle défend coûte que coûte « son » Eglise contre les attaques qu’elle entend çà et là. C’est aussi pour cela qu’elle souffre tant des conséquences douloureuses du Concile Vatican II quant à l’unité et au respect de la doctrine. C’est toujours cet amour inconditionnel qui lui permet d’être à la fois toujours respectueuse et parfois réellement critique face aux dérives qu’elle constate. Enfin, c’est encore cette conscience innée de ce que l’Eglise est pour le monde – le sacrement du Salut – qui lui donne un sens de la responsabilité sans égal vis-à-vis d’autrui.

Claire envoie une offrande, importante pour elle, prise sur son argent de poche, à « l’Aide à l’Eglise en détresse», en demandant qu’elle serve à un prêtre de l’Eglise du Silence qui aurait besoin de livres pieux. Et elle signe : Claire, 13 ans. (décembre 1966, à 13 ans)

« J’ai vu le pape hier, il rayonne de bonté et d’amour. Il a serré la main à deux d’entre nous. Il m’a laissé un souvenir de lui par son visage si plein d’amour de Dieu et des hommes. »

(le 4 avril 1968, à 14 ans, durant un voyage scolaire à Rome)

« Ce Père X. est bien irrespectueux envers le Pape. Mais, enfin, s’il était plus doué que le Pape, il le serait, à sa place, non ? Et puis […] le père n’est pas là pour critiquer, mais pour nous transmettre la parole de Dieu. »

(le 11 février 1969, à 15 ans, à propos de l’aumônier de son  lycée qui a ouvertement critiqué une décision du Pape devant les élèves)

 « C’est beau. Je n’y avais jamais réfléchi, mais je suis terriblement Responsable, puisque j’ai la Vérité. Moi qui ai toujours marché vers le ciel au milieu d’un de chrétiens balèzes, qui me cachaient les bas-côtés, me voilà m’arrêtant, tandis que les autres passent et dépassent. Il ne tient qu’à moi d’emmener cette âme au milieu de l’Eglise. Mais, le saurai-je? Je n’ai plus qu’à prier Dieu d’en avoir la force et la puissance, voulez-vous m’aider?

Je ne pense pas vous importuner par ces paroles et méditations car elles sont si importantes. Je ne me suis jamais rendu compte, mais une âme revenue, ça vaut quatre-vingt-dix-neuf âmes fidèles. C’est merveilleux ! Et j’aurais l’occasion de la ramener vers le Père ! Mon Dieu, donnez-moi la force ! »

(le 27 mai 1971, à 17 ans, à ses parents, à propos d’une infirmière qui s’occupe de Claire et lui a confié avoir perdu la foi à cause de l’incohérence de certaines personnes « d’Église »)

 « Ce matin, Messe célébrée par le Cardinal V., secrétaire d’État du Pape, si j’ai bien compris.

Je suis très contente, car pour la première fois que je vois quelqu’un de haut perché, je ne me suis pas trop mal débrouillée. Ne croyez pas que j’en sois fière, je n’y peux rien, puisque je suis restée telle que d’habitude, mais je suis contente d’avoir pu rester naturelle. Eh! (avec l’accent romain, très ouvert) je ne prévoyais guère que je le rencontrerais, crac boum ! dans le cloître, et que, très civilement, il me saluerait…

Après, il m’a demandé ce que je faisais, puis en quoi ça consistait… C’était facile de répondre, je le fais à peu près une fois par jour…

Le seul truc qui cloche un peu, c’est que, au cours du dialogue, je lui ai dit : « Inch’ Allah, si je suis reçue… » Ce n’était peut-être pas très correct, vis-à-vis du second Homme de l’Eglise… »

(le 8 décembre 1972, à 19 ans, à ses parents)