Après l’année à Monfort, Claire entre en Sixième comme pensionnaire au Sacré-Cœur de Rangueil, près de Toulouse, tenu par des religieuses. Elle y passe quatre années très heureuses à tous points de vue : elle lie des amitiés fortes (en particulier avec Anne, la plus proche de toutes) ; elle s’ouvre au monde qui l’entoure, en particulier grâce à des apostolats concrets organisés par l’institution ; elle apprécie les cours et les professeurs, intelligents et droits ; elle approfondit sa vie de foi grâce aux enseignements des Sœurs et aux temps de prière (elle fait sa Profession de foi le 16 mai 1965)…

Claire de Castelbajac : voici l’un des portraits les plus connus d’elle.

Pourtant, ces quatre années sont aussi marquées par des épreuves : la séparation difficile avec ses parents ; une chute de trapèze en novembre 1966, qui lui laissera de vives douleurs jusqu’à la fin de sa vie ; les événements de Mai 1968 qui secouent la société et interrogent beaucoup Claire ; le cancer de M. de Castelbajc en mai-juin 1968, dont il se remet totalement après une opération.

Claire est une adolescente joyeuse, heureuse de vivre, toujours contente, bonne camarade, attentive aux autres, et en même temps d’une réelle profondeur spirituelle.

Claire de Castelbajac à l’adolescence.

Après le Brevet, qu’elle obtient en juin 1968, Claire est cependant obligée de changer d’établissement scolaire : elle suit donc les cours de 2nde à Sainte-Marie des Champs, tout en continuant à loger au Sacré-Cœur ; puis la 1ère comme pensionnaire à l’Annonciation de Seilh ; enfin la Terminale toujours à Seilh pour les cours, mais locataire d’un petit studio dans l’immeuble de la famille de son amie Anne. Ces trois années de lycée sont très difficiles pour Claire : elle ne parvient pas vraiment à se faire des camarades, car elle se sent incomprise des autres élèves ; elle souffre des dérives de l’après-Concile Vatican II qu’elle perçoit dans l’enseignement religieux qui y est prodigué ; et elle est par deux fois gravement malade (en mars 1969 d’abord, elle est obligée de rentrer chez ses parents finir l’année scolaire en raison d’une violente crise d’aérophagie ; en avril 1971 ensuite, elle interrompt à nouveau sa scolarité pour une sciatique qui lui vaudra une longue hospitalisation). C’est pendant cette hospitalisation que Claire se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire comme études. Elle réfléchit intelligemment et se donne les moyens de choisir en fonction de ses désirs profonds : elle aime l’art, voudrait pouvoir vivre à la campagne sans trop de déplacements, et pouvoir fonder une famille si c’est ce que le Seigneur souhaite pour elle… Elle opte donc pour des études d’histoire de l’art, dans le but de passer le concours de l’école de Restauration de Rome, le Restauro !

Quelques anecdotes durant cette période

En 5e, Claire est souvent reprise car elle bavarde trop… elle fait des efforts pour être plus attentive, et écrit un jour avec humour à ses parents : « Je suis très bien placée : je suis devant une fenêtre et un radiateur et entre deux bavardes. Vous pensez, maintenant que je suis sage, la Mère m’a mise au fond et elle met une sage, une pas sage, une sage, une pas sage. Voyez comme elle a confiance en moi ! J’ai pas de marques depuis la rentrée, aucune, vous vous rendez compte : la turbulente Claire, aucune marque ! ! ! ça n’a jamais dû se voir depuis… Jésus-Christ et avant… eh ben… avant il n’y avait pas d’école. Conclusion : ça ne s’est jamais vu ! ! ! Donc je serai dans l’histoire du monde. Je suis devenue un personnage célèbre : respectez-moi ! ! ! »

Une Mère propose un jour un jeu à ses élèves : chacune doit apporter une photo d’elle-même enfant, et la Mère proposera une phrase qui devra faire deviner aux autres de qui il s’agit. Pour Claire, elle écrit : « Ce regard toujours posé sur les autres ».

Durant ces années de collège, Claire joue au « jeu de contentement », inspiré d’un livre qu’elle aime beaucoup : l’héroïne, Pollyanna, une petite fille très éprouvée, convertit tous ses malheur en motifs de bonheur et parvient même à convertir son entourage. Ainsi, Claire cherche à être contente en toutes circonstances !

Claire se demande bien ce qu’elle fera plus tard : elle aimerait être à la fois mère de famille et missionnaire… Difficile à combiner, mais elle trouve la solution : « Eh bien ! quand je serai grande, j’aurai des enfants, un mari, et je serai en Océanie, en Chine ou en Afrique, pour propager la Gloire du Bon Dieu. »

Pendant son année de 4e, Claire a beaucoup de mal à apprécier l’une de ses camarades qu’elle ne supporte absolument pas… Elle fait beaucoup d’efforts pour y parvenir, et se livre dans son journal intime : « Aidez-moi à aimer X., elle a peut-être des défauts, mais elle a sûrement des qualités que peut-être elle ne développe pas ; mais elle en a comme tous les autres hommes. Et moi, pécheresse, je ne vois que ses défauts. Mais, Jésus chéri, doux et humble de cœur, qui avez aimé les hommes jusqu’au plus méprisant, avec Vous, avec Vous seul, j’arriverai à l’aimer, ça sera dur, mais j’y arriverai ; si je ne l’aime pas, si vraiment je ne peux pas, je ferai comme si ; et je me dirai qu’elle vaut certainement plus. »

Quelques années après le collège, Claire écrira ce souvenir à sa meilleure amie Anne : « Je me suis rappelé ce qui faisait mon bonheur au Sacré-Cœur. Je m’échappais du dortoir le soir, et j’allais m’asseoir en pyjama à la tribune pour écouter le silence et voir la nuit. C’est dans ces moments-là que je me suis trouvée le plus près du Bon Dieu. Sublime. En tout cas, c’était du sport, car il y avait plein de mères partout, et il fallait ouvrir la porte de « mater » (la chapelle) qui grinçait. »

Quelques citations de Claire

« Merci de m’avoir aidée à aimer X. Aujourd’hui je n’y suis pas très bien arrivée, j’ai serré les poings, mais vous avez dû voir que j’ai fait des efforts. Demain, aidez-moi à l’aimer encore plus. »

(26 novembre 1966, 14 ans)

« Je suis très heureuse. J’ai du bonheur en trop, ça déborde. Voulez-vous que je vous en donne ? »

(6 février 1968, 14 ans, à ses parents)

« C’est drôle en y réfléchissant que de motifs de bonheur peut on trouver en cherchant bien – La vie n’est que Bonheur – ce sont les hommes qui en font le malheur – si tout le monde pouvait le comprendre… »

(6 septembre 1969, à 15 ans)

« Heureusement que Maman m’a appris à offrir le moindre acte, sinon le pauvre Bon Dieu serait bien mal accueilli dans mon âme. 

(8 mars 1971, 17 ans)

Chronologie de Claire, de la Sixième au Bac

  • Septembre 1964 : entrée comme pensionnaire en 6e au Sacré-Cœur de Rangueil près de Toulouse
  • 16 mai 1965 : Profession de foi
  • 2 novembre 1966 : chute de trapèze
  • Novembre 1967 : débuts à l’orgue
  • 31 mars – 9 avril 1968 : pèlerinage avec le Sacré-Cœur en Italie
  • Mai – juin 1968 : Cancer de M. de Castelbajac
  • 27 juin 1968 : épreuves du B.E.P.C.
  • Septembre 1969 : 2nde à Sainte-Marie des Champs
  • Mars 1969 : crise d’aérophagie = la Servante de Dieu rentre à Lauret finir l’année
  • Septembre 1969 : 1ère à l’Annonciation de Seilh
  • Septembre 1970 : Terminale à Seilh (logement dans l’immeuble de la famille de son amie Anne)
  • novembre 1970 – mars 1971 : hospitalisation de Madame de Castelbajac
  • 21 mai – août 1971 : hospitalisation puis opération de Claire pour une sciatique
  • Septembre 1971 : épreuves du baccalauréat (reçue mention AB) et séjour à Paris pour choisir son orientation