Très entourée et protégée par son milieu familial, Claire, même si elle en avait déjà fait l’expérience à son arrivée en pension en 6ème, découvre réellement et brutalement ce qu’est la solitude affective lorsqu’elle arrive à Rome pour ses études. Elle cherche alors à remplir le vide par des amitiés démesurées, jusqu’à manquer d’en perdre son identité propre… Mais peu à peu elle prend conscience que la vie en Dieu est la seule qui comble réellement un cœur humain et ne le laisse jamais seul.

« Je ne suis pas seule, je reste avec Jésus. » 

(le 6 mai 1956, à 2 ans, alors que, pendant la Messe, sa maman lui demande de rester sage pendant qu’elle la laisse seule, le temps d’aller communier)

 « Papa a beau me dire d’être joyeuse, Maman d’avoir du courage… je n’en peux plus. (…) Savez-vous que c’est épouvantable de vivre dans un endroit où on est ignoré de tous, sauf d’une mère bien, mais antipathique ; où tout le monde vous regarde d’un air hostile (…) Si encore il n’y avait que ça ! Mais on ne peut pas penser une minute vraiment sans qu’on vous attrape.

(…) Mes pauvres petits parents, vous allez penser que je suis sensible extra, que je manque de volonté. C’est possible, mais ça ne change rien à mon profond malheur, malgré tout ce que je possède de bonheur.

Je vous aime beaucoup, je vous aime passionnément, je ne veux pas vous faire de peine, mais je ne peux pas tout porter.

Tout à l’heure, je pensais sérieusement à prendre ma Sainte Vierge et mon chapelet, mon cahier de Bach, vos bonnes lettres, et à partir sur la route jusqu’à Lauret. Je suis presque folle… (…)

Je vous aime et je suis un peu plus gaie qu’avant de vous écrire, si ça peut vous consoler. Priez pour moi comme je prie pour vous. »

(le 13 janvier 1970, à 16 ans, à propos de sa vie au lycée)

« Je ne suis guère encouragée par des gens bien, comme à Toulouse ; alors quelquefois, les voyant, je me dis que ce ne doit pas être désagréable de se faire peloter par un beau mec. Et je suis tellement consciente que je n’ai qu’un mot à dire, un regard à jeter ou un geste à faire pour en avoir deux ou trois à ma dévotion ! »

(le 30 janvier 1973, à 19 ans, à son arrivée à Rome)

« Je n’apprends rien ici, j’ai l’impression, je me sens seule et si jeune dans ma solitude, si vulnérable et si j’en juge mon expérience actuelle, invivable, je me sens ici tout autre que dans ma peau, (…) eh bien, j’ai 20 ans, et je veux être heureuse, et pour l’instant, je suis dépassée par la solitude dans laquelle je me trouve entravée – il est écrit dans le livre de ma vie qu’à l’âge de 20 ans et 6 mois, j’ai besoin de gens proches, très proches de moi, que j’ai besoin de chaleur affective et bienveillante. »

(début mai 1974, à 20 ans)