Petite fille, Claire priait la Vierge Marie de la garder  « pure comme un lys ». C’est un choix qu’elle doit refaire encore et toujours, non par rigidité mais par conscience de sa dignité et de celle des personnes qui l’entourent : avoir un regard chaste, c’est-à-dire ne pas chercher à mettre la main sur l’autre, et toujours garder la liberté de son cœur. Ce désir profond de pureté est mis à l’épreuve à l’époque des premières amours de l’adolescence, et plus fortement encore à Rome, où les sollicitations sont pesantes.

« J’ai compris que si Dieu a donné un corps, il ne faut pas seulement le nourrir et le guérir, mais aussi l’embellir. Idem pour l’âme. »

(le 16 novembre 1972, à 19 ans)

« La main de Dieu ne cesse de me protéger : je ne crains plus personne. Ce qui m’embête, c’est mon succès, bien involontaire, croyez-moi, auprès des garçons. Mais je suis sûre de la protection Divine, Virginale et Bénédictine, sans parler des Anges Gardiens. »

(le 24 janvier 1973, à 19 ans)

« Alors, je prie, je prie, pour avoir le courage, je pourrais même quelquefois dire l’héroïsme de résister, de n’avoir aucun ragazzo [petit ami], avant mes fiançailles. (…) En plus de ma dignité à sauvegarder (chef-d’œuvre en péril), j’ai le désir de rester intacte pour celui que j’épouserai (…). Évidemment, j’ai Dieu : c’est Tout et bien suffisant, la grâce peut être infinie, mais je crois qu’on a tellement besoin, quelquefois, de stimulants humains, objectifs et palpables… Alors, faites prier et priez, s’il vous plaît. (…) Tous les jours, je prie Saint Antoine de Padoue : c’est un mec, ce saint. Je n’ai jamais été déçue par lui, pour les choses temporelles et à rapide effet. »

(le 30 janvier 1973, à 19 ans, à ses parents)

À l’Institut, une élève non chrétienne et indifférente, demande à Claire ce que c’est que ces médailles, qu’elle porte toujours sur son chandail :

– « Celle-ci, c’est la Sainte Vierge : tout le monde la connaît. Celle-là, Saint Benoît, c’est très efficace contre le diable et les tentations. »

Aussitôt, un grand étudiant, X…, déclare avec un regard plein de sous-entendus :

– « Oh ! Alors, c’est un méchant saint, et je le déteste ! »

(le 1er février 1973, à 19 ans)

« Je crois que les gens de l’Institut se rendent compte que je ne suis pas comme eux, alors ils évitent de parler devant moi de choses moches. Je leur en suis bien reconnaissante. »

(le 12 février 1973, à 19 ans)