Par son éducation, Claire a été sensibilisée toute petite à la beauté : celle de la nature, celle de l’art, celle des relations et des personnes. Ainsi, elle ne reste jamais indifférente quand  la beauté surgit dans sa vie : elle a une capacité d’émerveillement hors-norme. Et cette sensibilité au Beau nourrit une action de grâce constante pour le Créateur de toute beauté.

« … la vie est belle, le temps aussi, de même le dessin au lavis que j’ai fait : mon premier lavis !

– je me sens libre, quoique en boîte, et pleine de dons en puissance que j’essaie de développer avec vous.

– un ouvrier chante et il est heureux de vivre. Moi aussi.

– un rayon de lumière joue sur les briques du foyer.

C’est drôle, en y réfléchissant que de motifs de bonheur on peut trouver ! La vie n’est que bonheur ! Ce sont les hommes qui en font le malheur. Si tout le monde pouvait le comprendre ! »

(septembre 1969, à 15 ans)

« L’Homme a besoin du Beau et lorsqu’il ne possède pas le Bien ou qu’il le laisse échapper, il lui reste toujours le Beau »

(le 8 novembre 1970, à 17 ans)

« [Le livre] que je résume est vraiment passionnant (histoire de l’art italien) et pas du tout rébarbatif comme au début. Mais il manque vraiment des illustrations. Il faudrait que les types qui font ces bouquins les accompagnent d’un recueil gigantesque de photos et dessins ou mieux de gravures, de tout ce dont ils parlent. (…) Je vous remercie encore et toujours de m’avoir donné le goût du Beau et de m’avoir permis de m’orienter vers lui. Pauvres gens qui font du Droit ! même pas humain ! »

(le 15 mars 1972, à 18 ans, à ses parents)

« L’envoûtement a commencé au début de la Pastorale. Et à la fin de la Fantasia, j’étais totalement prise par la montée douce et ferme des thèmes de Bach. Jamais, je ne l’ai senti aussi physiquement, sauf dans le 5ème concerto brandebourgeois, bien sûr.

Et, sortie de l’Ara Cœli (magnifique église, ce qui ne gâte rien, où avait lieu le concert), je me suis laissée porter aveuglément jusqu’à la petite chapelle de la piazza Venetia, où, derrière la porte hermétiquement close, se trouve la paix de l’exposition perpétuelle du Saint-Sacrement. Plus de bruits de foule. Le silence… Suis arrivée à l’instant même où le prêtre se lève pour présenter l’ostensoir, pour l’adoration.

C’est ce qu’on appelle l’apogée…

Ivre de la séduction de Bach, véritablement préparée par son ardeur si bien exprimée à proclamer sa Foi, même dans les termes profanes, j’ai «cru», au plein sens du mot, pendant quelques secondes féeriques…

Ce matin, autre féerie : de ma chambre, le lever du soleil qui noyait d’une lumière ocre la ville déjà lavée de pluie pendant la nuit. Vision enchanteresse… »

(le 16 novembre 1972, à 19 ans. Après un concert dans une église de Rome.)